A l'origine, la spéléologie était une discipline
scientifique, pratiquée parfois par des messieurs très
dignes, en costume trois pièces, portant barbe et
lorgnon. Ils parcouraient le pays, interrogeant les
paysans, les bergers, les autorités à la recherche de
grottes, de résurgences, de gouffres...
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Le plus célèbre fut Édouard Alfred
MARTEL (1859/1938), qui explora un nombre astronomique de
cavités (on parle de 4000) en France et dans le monde, et
posa les jalons de la spéléologie scientifique; il
expliqua entre autre le rôle primordial de l'eau dans la
genèse des réseaux souterrains.
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Le plus pittoresque fut sans doute Robert
DE JOLY (1887/1968), qui sillonna la France avec quelques
assistants dévoués au prestige du "Président", inventeur
des premières échelles souples. On raconte qu'il ne
descendait jamais sous terre sans son revolver... C'est
une légende, mais on ne prête qu'aux riches. Ceux qui
l'ont croisé ont tous quelques anecdotes à son sujet.
Son cœur repose dans une urne, au sein de l'aven d'Orgnac
qu'il avait découvert (photo ci-contre) |
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Et puis il y eut Norbert
CASTERET (1897/1987) , qui, tout gamin, retournait ses
vêtements pour éviter que ses parents découvrent ses
escapades clandestines, et qui se déshabillait pour
franchir en slip (ou moins...) les lacs souterrains à 6 ou
8 degrés de ses Pyrénées natales. Explorateur inoxydable
pendant plus d'un demi-siècle, écrivain prolixe, nombre de
spéléos actuels lui doivent leur vocation. |
Bien souvent, on
trouvait aussi parmi ces pionniers quelque abbé
athlétique, féru de science et d'histoire naturelle,
fin connaisseur de son terroir, bref un curé comme les
décrivait Pagnol.
Les chauves souris de l'époque ont
donc vu défiler ces précurseurs, en
costume, en soutane, ou a poil, coiffés d'un chapeau,
d'un béret ou d'un casque de 14, utilisant les
accessoires les plus invraisemblables pour descendre
les puits et franchir les obstacles.
Avec ces moyens ridicules, ils
ont réalisé de très belles explorations, expliqué dans
les grandes lignes la formation des réseaux
souterrains, découvert de nombreuses grottes ornées
Après-guerre (la deuxième), vint
le temps des expéditions lourdes : la Henne Morte, le
gouffre Lepineux (Pierre Saint Martin), Le Berger, qui
furent parmi les gouffres les plus profonds connus au
monde furent découverts ainsi, avec des expéditions de
plusieurs jours, des portages souterrains
interminables, des bivouacs à grande profondeur, des
équipes nombreuses échelonnées tout au long de la
progression, préparant le terrain à une équipe de
pointe chargée de l'ultime assaut. La spéléologie
était aussi devenue un sport.
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les années 60, les techniques de
progression sur corde simple se généralisent, et
permettent d'alléger considérablement les expéditions, et
d'améliorer la sécurité. |
Un des précurseurs de
cette révolution est Pierre
CHEVALIER, qui explore la Dent de Crolles depuis les
années 40. c'est lui également qui pressent l'importance
du courant d'air comme indice spéléologique.
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Aujourd'hui, les fibres
synthétiques permettent de fabriquer des vêtements
étanches et solides, des sous-vêtements chauds, des
cordes plus légères et plus résistantes : ce n'est pas
encore le grand confort, mais la condition du spéléo
s'améliore ainsi que sa sécurité, et que le poids de
son sac.
De nos jours, la spéléo est en
général considérée d'abord comme un sport : on la
pratique pour le plaisir d'être au contact (parfois
très rapproché...) de la nature, pour la sensation
sportive, pour le dépassement de soi...
Mais nous n'avons pas tout oublié
de notre passé scientifique : toute nouvelle cavité
est topographiée, publiée, on observe sa structure,
ses creusements, son aérologie (courants d'air)
et son hydrologie (circulations d'eau) afin de
comprendre le fonctionnement du massif où elle se
trouve
Et aussi, la spéléo reste une
belle histoire de groupe, un sport individuel qui se
pratique en équipe, où la solidarité est obligatoire.
Une passion qui s'attrape comme un virus, malgré les
galères, les fatigues, qui nous fait hurler sous terre
"mais qu'est-ce que je fous là ?", et le soir même
"bon, il faudra revenir dimanche prochain pour voir la
suite"
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